Le 31 octobre 1926, le grand Harry Houdini (Ehrich Weiss), maître de l’illusion et de l’évasion, quitte ce monde. Comme un ultime tour de passe-passe, il s’éclipse à la stupeur générale, emporté par une péritonite aiguë, à seulement 52 ans.
Houdini, l'enchanteur, fascinait les foules avec ses évasions improbables. Au sommet de son art, il parvenait à sortir d'une malle cadenassée remplie d'eau, à s'évader d'un tonneau de bière, d'un bidon de lait, d'une cellule de prison en se libérant de ses chaînes, ou encore à faire disparaître un éléphant sur l'hippodrome de New York devant des milliers de spectateurs ébahis.
Celui que l'on surnommait ''le Maître de l'Évasion'' a été aussi un magicien de l'esprit, capable de démasquer les faux médiums et autres télépathes soupçonnés de charlatanisme.
Houdini face à la mort
L'amour comme fil conducteur
Houdini, convaincu de l'existence d'une vie après la mort, n’a jamais supporté que l'on joue avec les croyances et les espoirs des gens. Son combat contre les charlatans visait à dénoncer leurs supercheries et à protéger ceux qui cherchaient désespérément des réponses dans l'au-delà.
Mais la plus belle raison de vivre de Houdini fut sans conteste Bess Rahner. Leur rencontre en 1894 à New York marqua le début d'une union qui allait durer 32 ans. Ensemble à la vie comme à la scène, ils formaient le duo des "Houdinis", envoûtant les foules avec des tours toujours plus époustouflants. Leur numéro phare, "Metamorphosis", fascinait le public : en quelques secondes, Houdini et Bess échangeaient leurs places dans un coffre fermé. Ce numéro ne reposait pas uniquement sur leur virtuosité physique, mais aussi sur leur incroyable complicité, créant l'illusion d'une lecture dans les pensées.
Avant de quitter ce monde, Harry Houdini souhaitait s'assurer qu'il pourrait continuer à communiquer avec Bess après sa mort. Il mit alors en place une phrase codée, un secret qu'ils seraient les seuls à connaître. Fidèle à son combat contre les spirites malhonnêtes, Houdini espérait ainsi prouver l'authenticité ou la supercherie de toute tentative de communication posthume. Après sa mort, Bess essaya plusieurs fois de rentrer en contact avec lui à travers ce code et offrit même une récompense de 10 000 dollars à quiconque parviendrait à transmettre le message correctement.

Magazine Weird Tales - Avril 1924. Livret de la tournée ''Coast to coast tour'' 1926. Affiche EP8 de la série de films ''Le Maître Mystère (1919)'' avec Harry Houdini.
Arthur Ford
Un médium face au code secret de Houdini
En 1929, un médium du nom d'Arthur Ford affirme que son guide, Fletcher Bishop, est capable de révéler le fameux code. À ce moment-là, Bess, affaiblie par une chute et la grippe, accepte malgré sa souffrance que Ford organise une séance, espérant reprendre contact avec l’esprit de son mari bien-aimé.
Connu pour donner des messages précis et détaillés, l’esprit de Fletcher se manifestait directement à travers la voix de Ford depuis 1921. Au fil des années, Ford s’imposa comme une figure majeure du spiritisme aux États-Unis. Par hasard ou synchronicité, il se lia d’amitié avec Sir Arthur Conan Doyle, créateur de Sherlock Holmes et l’un des proches de Harry Houdini. Sous l’influence de Conan Doyle, fervent défenseur du spiritisme, Houdini, le roi de l’évasion, ne pouvait plus ignorer cette fascination.
Le décès de sa mère, survenu après une de ses représentations à Copenhague, l’avait poussé à s’intéresser au spiritisme. Rongé par la culpabilité de ne pas avoir été présent à ses côtés dans ses derniers instants, Houdini chercha désespérément à établir un contact médiumnique avec elle. Cet intérêt le poussa à publier, en 1924, ''A Magician Among the Spirits'' (Un magicien parmi les esprits), un ouvrage qui relatait ses expériences lors de séances et dénonçait les pratiques frauduleuses des faux médiums.
L’histoire ne dit pas si Houdini, de son vivant, aurait accordé du crédit à Arthur Ford. Ce qui est certain, c’est qu’il est resté fidèle à sa lutte contre la fraude. Ironiquement, après sa mort, Ford trouva une opportunité de prouver ses capacités médiumniques en tentant de communiquer avec lui.
Quand le spiritisme rencontre l'Amour
Faut pas décoder !
En janvier 1929, Ford dirige une séance dans la maison de Bess Houdini. Deux messages lui sont transmis par son guide, Fletcher : "Rosebelle" et une étrange série de mots : « Answer- tell- pray ; Answer- look- tell ; Answer, answer- tell » (Répondre – dire – prier ; Répondre – regarder – dire ; Répondre, répondre – dire).
Cette série de mots ne correspond pas au Code Houdini, mais à un code personnel utilisé par Harry et Bess au début de leur relation. Ce code permettait d’épeler des mots. Chaque groupe de mots représentait une lettre. Par exemple, ''Answer'' signifie la lettre "B".
Une fois décodé, le message complet épelle le mot ''Believe'' (Croire).

Harry Houdini (1874-1926) - Photo promotionnelle ca.1899. "Mes deux chéries". Harry Houdini (1874-1926) avec son épouse Bess (1876-1943) et sa mère Cecilia Stanner Weiss - 1907
Le code secret de Harry Houdini
La tentation du mensonge ?
Dans un premier temps, Bess affirme que "Believe" (Croire) est bien le mot convenu avec Houdini pour communiquer après sa mort. Elle va même jusqu'à signer un document confirmant que le code a été déchiffré, mais se rétracte rapidement après que des allégations de fraude contre le médium furent révélées par une vaste campagne de presse.
L'authenticité de la communication médiumnique de Ford est ainsi mise en doute, et il ne recevra jamais la récompense de 10 000 dollars.
Pour l'anecdote, "Rosebelle" était le titre d'une chanson que Bess et Houdini fredonnaient ensemble lors de leurs spectacles, à l'époque où ils sont tombés amoureux. Ce mot, gravé à l'intérieur de leurs alliances, avait une signification particulière pour eux. Ce détail prend une tournure suspecte lorsque l’on sait que Ford aurait demandé à Bess d’enlever sa bague avant la séance, et que plusieurs des ''révélations'' du médium avaient déjà été partiellement dévoilées dans la presse.
Malgré ces controverses, Ford poursuivit sa carrière et fonda la ''Spiritual Frontiers Fellowship'' en 1955. Son cas reste emblématique des débats entre sceptiques et croyants au début du XXe siècle. À sa mort, en 1971, son biographe Allen Spraggett et son exécuteur testamentaire découvrirent dans ses affaires des notes personnelles, des coupures de presse et d'autres informations prouvant qu'il menait des recherches approfondies sur ses clients, y compris le couple Houdini.
Pendant près de dix ans, Bess Houdini participa à différentes séances de spiritisme, espérant toujours un signe authentique. Pourtant, le fameux code ne fut jamais révélé
OFF Inspiration
👁️ Houdini, le roi de l'évasion, n'a jamais cessé de brouiller les pistes, mais au fond, la vraie magie... C'est de continuer à chercher.







